Le football serait-il une forme de sexualité ?
Quelques jours avant le « Mondial », Sophie, une amie, m’avait dit sur un ton irrité : « Je comprends rien à ce jeu puéril : 22 gaillards en culotte courent derrière un ballon ! »
J’avais essayé alors de lui expliquer l’engouement des hommes pour le ballon rond : « La plupart d’entre eux ont joué au foot dès le sevrage maternel. Et beaucoup ont rêvé d’être des footballeurs professionnels, et parfois ont raté de peu leur carrière. Le foot, c’est donc une façon de revivre une passion de jeunesse. »
Sophie répliqua, sans quitter son ton sarcastique : « Les femmes, aussi, quand elles étaient petites filles, ont sauté, avec passion, à l’élastique, mais elles n’en font pas une affaire d’Etat… » (J’ai essayé d’imaginer à quoi pourrait ressembler une Coupe du monde de saut à l’élastique ! )
Je comprends l’agacement de Sophie. Son mari est dingue de foot. Même pour un match sans enjeu, il ramène à la maison son groupe d’amis, des footeux du dimanche matin, doués pour commenter des heures durant une rencontre du niveau Moldavie/ Iles Féroé. J’imagine alors l’ambiance chez elle durant les 30 jours de Coupe du monde !
Si je vous parle de mon amie Sophie, c’est que je l’ai revue hier, la première fois depuis le début du Mondial. Entre-temps, elle a acquis une nouvelle théorie du foot qu’elle s’est empressée de m’exposer : « Pour comprendre la passion des hommes pour le foot, expliqua-t-elle, j’ai suivi des matchs avec eux. Je les ai bien observés. J’ai remarqué que lorsqu’il y a une occasion de but, ils sont tous très concentrés : le corps se raidit, les muscles se contractent, le souffle devient court. Et dès que la balle entre, ils laissent exploser leur joie, poussent des cris de mâles heureux, comblés par le spectacle du filet qui, pris de convulsions, frémit… »
C’était la première fois qu’on me faisait une telle lecture du jeu. Je sais que le foot se joue avec les pieds, mais de là en faire une affaire de… jambes en l’air.
Mais sûre de son raisonnement, Sophie poursuivit : « Un jour, y a eu match nul 0-0 ; j’ai entendu le soupir des hommes qui, découragés, lâchaient sur un ton dépité : ‘‘ score… vierge… et nul’’ »
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