Réponse à ma lettre de rupture
La semaine dernière, j’ai publié ici la lettre de rupture que j’ai envoyée à ma copine. Je retranscris ici la réponse qu’elle m’a envoyée
«Cher Rahou,
J’ai rêvé de toi cette nuit; j’avais écrit ça il y a quelques jours et je n’avais pas la force de te l’envoyer; je n’ai pas la force maintenant de le relire.
J’ai repensé à la dernière fois où nous avons fait l’amour, à la dernière nuit passée avec toi. A ce sentiment étrange que nous étions ensemble pour la dernière fois, à l’intensité de te sentir en moi qui se mêlait aux restes de la fièvre qui m’avait saisie les jours précédents. Je me souviens de ton corps immense, fort, et lisse et noir, dans le mien, si blanc. Je me souviens de notre dernier réveil commun, un peu engourdi, assez silencieux. Je me souviens de la boule qui s’est installée dans mon ventre et dans ma gorge. Je me souviens de m’être souvenue. Je me souviens du lendemain de l’agression, quand tu es venu chez moi, que je ne t’attendais pas, que nous avons passé la journée dans ce restaurant de Sacré-cœur dans la chaleur dominicale, les mouches et la sueur. De la journée au commissariat, jusqu’au club de jazz le soir. Puis de la demi-journée au commissariat, du déjeuner et de la sieste à l’université. De la façon dont tu me disais de ne pas aller au journal. Du retour chez moi. D’Abdelatif Kechich, de Bukowski, du poème que nous lisions, qui disait de « se méfier des gens qui lisent », des battements de mon cœur qui s’accéléraient. De tes lèvres sur les miennes. Il n’y a pas un seul jour où je n’ai pas pensé à toi. Même si peu à peu, je me suis remise à voir les autres hommes, à voir qu’ils existaient, à les désirer certaines fois ; mais tu étais toujours là, en toile de fonds, avec des livres plein les mots, une grandeur unique, une façon de n’être pas fait pour ta vie qui me faisait penser à la mienne. Et quand je t’oubliais un peu, que je guérissais, tu te rappelais à moi. Sophie |
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