1 février 2015

 Football en post-colonie

 

Le Mali est donc éliminé par tirage au sort. Il y a un fond  irrationnel dans ça. C’est comme si quelque chose de transcendantal qui dépasse la réalité immédiatement compréhensive avait dicté sa loi aux Malien.  Le hasard et ses différents synonymes, la chance, le sort, le destin, la providence, se sont tous ligués pour  choisir leur camp.

Pourtant, les  instances du foot moderne ne sont jamais allées aussi loin dans leur tentative faire de ce sport une pratique intelligente. Le tirage des poules n’est jamais totalement abandonné aux mains (maladroites) du hasard. Dans le jeu, il s’agit de limiter au maximum, les défailles humaines, avec, par exemple le recours àla vidéo pour abriter les litiges l’introduction de la goal line technology.

Tout un tas de critères de performance, de position géographique, de palmarès est pris compte.Après le match, le jeu aujourd’hui est analysé sous l’angle des statistiques : nombre de tirs cadrés, nombre de corners, pourcentage de possession de la balle, etc.Tout cette mathématique tente de présenter le foot comme une activité humaine rationnelle.  On a entend dire par les  commentateurs :  « le score est logique au vu du match » ;  « Victoire méritée »..

Le football moderne tente de domestiquer le hasard par tous les moyens.

La décision de la Caf de laisser le sort Maliens et Guinéens est un couteau planté dans le dos du foot moderne où se tout joue sur le terrain.

Mais quelle est l’image que la Caf donne du football africain en procédant ainsi ? Elle valide de façon implicite le sous-entendu selon lequel  des forces-extra sportives à sont l’œuvre dans le football africain cloisonné dans un ghetto de la planète foot où domine mythe et légendes. C’est tout l’environnement extra sportif qui nourrit un  imaginaire digne d’Au cœur des ténèbres de Conrad,  considéré  comme le sommet de la littérature coloniale.

Regardez le clip de France 24 présentant cette 30ème édition de la Can.  Le décor et la narration sont dignes d’un conte africain.  La  Can est présentée comme la perpétration d’une vieille légende africaine qui remonte à un âge ancien où lesanimaux se réunissaient chaque année dans la brousse. Un enfant (personnage caractéristique du conte) vient perturber cette assemblée de fauves avec son ballon. Et depuis lors les éléphants de la Cote D’Ivoire, les Aigles du mali, les Léopards du Congo, les Lions du Cameroun ont pris goût au jeu. Il est vrai que la dénomination des  équipes africaine.

Les images des supporters africains contribuent à nourrir cette fantasmagorie sauvage. Les stades africains sont des sanctuaires où se perpétuent un rite ancien, quelques morceaux de traditions anciennes. Qu’est-ce qu’on voit ? Une troupe de supporters, habillés de façon bizarroïde,  ou bien le torsenu,peinturlurés de couleurs criardes, dansant criant au son du tambour. Ils rappellent une tribu de chasseurs revenue d’une battue heureuse.

Le football  contribue  diffuser une image  d’une Afrique pas suffisamment « entrée dans l’histoire ».

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