23 juillet 2014

Johnny Chien Méchant d’Emmanuel Dongala

Johnny Chien Méchant fait partie de la littérature des guerres civiles africaines. Le roman d’Emmanuel Dongala est devenu un classique du genre, adapté au cinéma par Jean Stéphane Sauvaire  en 2008.

Le récit alterne la voix de deux adolescents pris dans une orgie de viols, de tueries et de pillages. Johnny Chien Méchant est enfant soldat à la tête d’une milice sans foi ni loi, qui sème la mort sur son sillage.

On est en Afrique, dans un pays qui pourrait bien être le Congo des années 90, le Libéria, le Sierre Léone des années 2000, ou le Centrafrique d’aujourd’hui. Mais les balles qui tuent sortent d’armes russes, israéliennes, américaines. Sur le terrain, les combats prennent d’ailleurs une résonance internationale, en écho à d’autres conflits : les batailles se déroulent dans un quartier nommé Kandahar ; les milices sont appelées « Tchétchènes » ; les mercenaires sont des Serbes, etc.

Laokalé, l’autre personnage du récit, est une jeune fille, qui tente de sauver sa peau et celle sa mère, veuve et cul-de-jatte.

C’est un récit haletant qui décrit avec talent l’horreur de ces guerres qui ont dévasté l’Afrique, où chaque bande armée prétend lutter pour la démocratie.

Mais ce sont « tous des chacals, des hyènes, sortis de leur tanière, attirés par l’odeur du sang et de la rapine ».

Dans ce chaos, Dongala peint avec justesse le cynisme des Ongs occidentales. Elles sauvent les gorilles des forêts tropicales sous prétexte qu’ils sont des espèces en voie d’extinction, et ignorent les populations civiles qui meurent sous les balles ?

Dongala écrit sans fioriture ni pathos, dans un style limpide et âpre. Sa formation de scientifique y est sans doute pour quelque chose. (Il est prof de Chimie aux Usa).

Certaines scènes sont insoutenables, comme ce passage où un gamin implore Johnny Chien Méchant de le laisser en vie.  En vain ; ou cette petite fille qui meurt broyée sous les roues d’un char. La plume de Dongala n’a–t-elle pas tremblé en écrivant ces passages ? Dommage que l’innocence soit totalement scarifiée à  l’horreur et à l’arbitraire.

(1) Johnny Chien méchant, Emmanuel Dongala, Le Serpent à Plumes, 2002 

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Commentaires

Mylène
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Je n'apprécie guère les livres "sombres", mais je ferai une exception pour celui-ci, car tu m'as donné envie de le découvrir. J'espère le trouver ici, je le lirai alors durant mes vacances et je te dirai ce que j'en ai pensé. C'est toujours un plaisir de te lire.

diambar
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Merci Mylène pour l'intérêt que tu portes à ce blog . C'est toujours un plaisir de recevoir tes commentaires